C’est vrai ça, pourquoi lorsque j’accompagne ma mère ou mon père, ma grand-mère ou mon grand-père, ma femme ou mon mari, on ne m’autorise pas à le suivre au sein des urgences ?
Lorsqu’on est à l’accueil des urgences, on est souvent confrontés à une partie de la famille qui accompagne un patient. Après tout, c’est normal. Dans notre box Accueil, on les laisse entrer. À la fois pour nous expliquer et pour qu’on leur explique aussi. Ou parfois répondre à des interrogations.
Sauf qu’après, au sein même des urgences, la famille ne peut plus suivre. C’est bien là le problème, pour eux. On leur explique, parfois plusieurs fois, certains comprennent et d’autres non. Ou on pense qu’ils ont compris et on se rend vite compte que non. Alors pourquoi on ne laisse pas entrer les familles ?
Il est interdit de rentrer aux urgences pour voir un parent ?
Il faut savoir qu’on ne vous laisse pas entrer tout de suite mais qu’après cela peut-être possible ! Bon le problème est que le après peut-être bien longtemps après… Commençons par le début.
On vous accueille, le patient nous explique le problème, la famille aussi. On fait notre accueil et donc notre tri. Puis on explique que le patient va être amené en zone de soins pour y voir le médecin ainsi que nos collègues soignants qui vont s’occuper de faire la « techniquer » (prise de sang, perfusion, radio, etc.). Durant cette première partie, en tant qu’accompagnateur, vous devez attendre en salle d’attente. Pourquoi ? La principale raison est le manque de place. On a déjà parfois du mal à passer avec un brancard ou notre chariot que si vous rester près du brancard du patient, on y arrive plus. Par exemple, hier il y avait qu’une seule personne restée près d’un brancard, je lui demandais sans cesse de me laisser passer avec d’autres brancards. Et il faut avouer aussi que c’est pour éviter d’être interpellé sans cesse… On court déjà partout et on sait très bien que la principale question sera : « Et sinon on voit quand le médecin ?« . On ne pourra pas vous répondre, je ne suis pas le médecin justement. Je suis comme vous, j’attends de savoir quand il va pouvoir vous voir !
Et aussi parce qu’on a que 13 box. Alors pour 50 patients en même temps, vous comprendrez que vous ne serez pas tous dans un box. Imaginez tout les brancards accompagnés chacun de minimum 2 personnes, comprenez le « bronx ».
Vous savez chaque service à son « règlement ». Les services n’autorisent les visites que l’après-midi, pourquoi ? Parce que le matin est réservé pour la visite du médecin et les soins. Cela vous l’acceptez. Pour quelqu’un qui va accoucher, seul une personne (en l’occurrence le mari) est accepté dans la salle d’accouchement. Quand belle-maman veut voir sa fille, le mari prend sa place en salle d’attente. Vous l’acceptez. Acceptez donc que les urgences ont eux-aussi un règlement. Vous ne suivez pas au départ de la prise en charge mais vous la rejoindrez dès que possible !
On laisse entrer mais il y a un mais.
Alors attention, on laisse quand même accompagner certains patients. Déjà les parents des enfants, on vous laisse entrer, toujours. Par contre Mamie et Papy attendront en salle d’attente. On laisse aussi les accompagnateurs de personnes qu’on ne pourra forcément gérer (maladie neuro, Alzheimer, personne qui ne sera pas calme si un visage familier n’est pas là, etc etc.). On reste humain mais il faut respecter certaines règles pour un bon fonctionnement. Ne pensez pas que votre parent est seul sur le brancard, perdu derrière un rideau ou dans le coin d’un couloir. Il y a toujours des soignants autour, on passe sans cesse, on a toujours un regard sur le brancard ou un petit mot. Oui c’est difficile pour vous.
On vous fait entrer par la suite. Soit au moment où le médecin fait sa consultation et a besoin de recueillir des informations auprès de vous ou soit après lorsque tous les examens ont eu lieu et que vous pouvez faire un coucou à votre parent. Mais parfois l’attente est longue du fait de l’affluence des urgences ou des priorités… Certes une personne âgée est faible et on doit s’en occuper mais parfois on ne peut pas faire comme en caisse d’un magasin et la laisser passer devant les autres. Cet homme de 40 ans qui fait un infarctus à côté sera vu avant et on se mobilisera autour de lui.
Certes on ne pourra satisfaire tout le monde et on trouvera jamais la véritable réponse à ce problème. À part de construire un service d’urgence taille XXL. Mais ne pensez pas que si on vous refuse pour le moment de voir votre parent, c’est qu’on est inhumain et qu’on en a rien à foutre. C’est juste par contrainte de service principalement et non contre vous. Et si on ne vous fait entrer que 1H après, c’est qu’on n’a pas le choix mais que votre parent n’était pas non plus seul. On sait aussi ce que c’est et on s’imagine à votre place (on l’a même parfois été aussi).
Attention, je le répète : On interdit pas ! Ce mot étant fort, on ne retient parfois que celui-ci. On ne dit juste que vous pouvez l’accompagner que par la suite. Il peut-être dur à comprendre cette explication mais on espère quand même réussir à convaincre quelques-uns. On sait que certains continueront à voir cette contrainte comme une interdiction arbitraire sans réelle solution mais depuis quand le monde est parfait ? Il faudrait penser au futur et recentrer la bienveillance d’un accompagnant dans une prise en charge de soins. Moi je dis ça…
Et surtout, pour tout cela, nous soignants on y est pour rien et pour nous aussi on subit ces contraintes.
Il est dur d’entendre dire qu’on est inhumain…
Pour finir je parlerais d’une petite anecdote qui m’est arrivée il y a peu. J’étais à l’accueil et je réponds à une famille insistance qui voulait voir leur parente de 75 ans. Le mari et la famille me demandent donc d’aller voir madame. Je leur demande de patienter, je regardais où elle se trouve (sur nos ordinateurs, on peut savoir où se trouve une personne « presque » en temps réel). Le mari me répond que lui il sait : « dans le petit couloir de la radio« . Donc si elle se trouve dans ce couloir, soit elle passe sa radio ou soit elle a terminé et donc elle va être raccompagnée dans la zone de soins. Je lui explique donc que je regarde quand même car elle a dû bouger d’emplacement entre temps. Ceux-ci ne m’écoutent pas et me réclament de la voir. Je leur explique de nouveau qu’ils vont la voir mais qu’il faut bien que je regarde où elle est. Mais ils continuent à ne pas écouter et commencer à crier que je refuse de les faire rentrer. Donc une fois de plus, je leur réponds que je n’ai jamais refusé l’entrée et que je fais que me renseigner à savoir où se trouve leur parente ! Mais parfois on n’écoute que ce qu’on veut…
Je me ferais traiter par la suite d’une personne inhumaine et le mari forcera le passage pour rejoindre sa femme. Je le retrouverais dans ce fameux petit couloir mais sans sa femme. Il la cherche partout. Je lui dis : « vous voyez, je vous l’avais dit qu’elle serait plus là mais vous m’avez pas écouté. » Celui-ci n’écoutera pas et il fouillera partout dans la zone de soins. Et on les regarde chercher en zone de soins, à regarder à travers les portes, sur les brancards sans scrupules ni gêne. Et c’est aussi à cause des gens comme eux qu’on ne fait plus entrer les autres.
Votre parent est le patient mais vous devez rester patient.
et c’est comme ça que l’on retrouve des patients morts parce qu’ils ont été oubliés
Je confirme malheureusement c’est inhumain, de rester de 9h30 à 16h sans nouvelle sans savoir, qu’on est jeté comme un mal propre par une soignante des urgences. que lorsqu’on appelle par téléphone pour savoir qu’on nous jette encore qu’on demande juste mais donnez lui son téléphone qu’elle puisse nous joindre la réponse « on est la pour soigner c’est tout le reste n’est pas important ».OK OK
alors entrée aux urgences à 9h30 mise dans un box visite médecin PS…. et plus rien jusqu’à 15h30 environ ou la: transfère en réa soins intensifs consciente stable… et à 16h elle pouvait me téléphoner.
C’est inhumain inadmissible où est le respect du patient qui demande la présence d’un proche???
petite anecdote il y a 2 mois, passage aux urgences pour entorse cheville rien de grave, pareil interdiction d’entrée… je reste dans la salle d’attente mais la soignante contente que je fasse rentrer madame dans le box en poussant le fauteuil…
On la descend en radio et on l’oublie dans un couloir pendant prés d’une heure avant d’aller la rechercher pour la ramener aux urgences, heureusement elle avait son téléphone nous pouvions discuter; si j’avais été présent je l’aurais fait volontiers.
d’ecarter la famille les proches c’est prendre un risque de passer à coté d’info importantes et c’est source de conflits.
Vous oubliez que la personne de confiance peut accompagner le patient tout au long du parcours de soins. Cela va plus loin qu’un simple accompagnement. Le code de la santé publique autorise sa présence lors des entretiens médicaux. Il n’est ainsi pas possible d’évoquer le secret médical pour l’écarter.
Il serait judicieux que vos affirmations fassent référence à des textes légaux ou règlementaires. A ma connaissance, sauf pour les lieux où l’hygiène et la sécurité doivent être renforcés (bloc opératoire, salle de radiographie, …), il n’y en a aucun.
Les hôpitaux ne sont pas des endroits rassurant, les infirmiers, infirmières sont souvent débordées et cela arrive que des patients soient oubliés. La famille du patient ne devrait pas être une contrainte pour vous, leur refusez l’accès est juste inhumain. La situation que vous avez évoquée dans votre récit, aurait pu être évité si vous aviez autorisé ne serait ce qu’un membre de cette dites famille à accompagnée la patiente.
Ne vous cherchez pas d’excuse
Bonjour infirmiere d un hôpital ds un SAU j ai ce jour emmene ma mère aux SAU d un hôpital 90 ans elle ne maîtrise pas le français on m a dit vous attendez dehors OK 1h45h après le médecin m’appelle on va faire examens ect OK midi il est 13 h tours pas de prise de sang ni ecg pour le contexte de son admission ?? Le medecin me dit rester avec votre maman mais les filles donc paramédicales vous diront de sortir OK je la remercie et je suis assise à côté de ma mère 90 ans PERSONNE n à ouvert la porte il n y a pas de caméra et on dit à l accompagnant qui le seul d attendre dehors j ai mis le bassin 3 fois à ma mère et elle est perdue pas cool je suis ide depuis 18 ans la bienveillance l empathie ????????
Dans votre article, vous tentez de justifier la mise à distance du proche. C’est une vue de l’esprit que je ne partage pas. Si je me réfère aux affirmations de Kristian Schneider, cela n’a aucun sens. En effet, son unique conséquence est d’augmenter l’état d’anxiété et d’incompréhension, tant du patient que de l’accompagnant.
SUR LE PLAN DE LA SANTÉ : Je vous rappelle que la relation à l’autre qui l’accompagne constitue pour la personne malade son plus sûr rempart contre le stress, la peur, l’abandon et la maladie. Il est clairement établi que la présence et le rôle de l’accompagnant sont des éléments déterminants de l’environnement du patient, donc de l’efficacité des soins et de sa prise en charge.
SUR LE PLAN LÉGAL, plutôt que de l’isoler arbitrairement, vous vous honoreriez d’indiquer au patient son droit à se faire accompagner par sa personne de confiance, tout au long de son parcours de soin. Il s’agit d’une disposition de l’article L.1111-6 du code de la santé publique. Les seules exceptions ne concernent que quelques locaux dans lesquels des textes imposent le renforcement des règles d’hygiène et de sécurité (blocs opératoires, salles de radiologie, …)
DÉFINITION DE LA SANTÉ : Selon l’OMS, « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain …. »
En France comme à l’étranger, certains services d’accueil des urgences intègrent l’accompagnant dans le parcours de soins, dès l’admission du patient. C’est la preuve formelle que cela est possible.
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J’admire et remercie les soignants qui se préoccupent du malade autant que de la maladie. Leur conscience professionnelle et leur dévouement doivent être soulignés. Ils méritent estime et considération. Ils contribuent à une bonne image de marque et font honneur à la profession.
Depuis 2002, les règles de la démocratie sanitaire ont évolué. Vingt ans après leur promulgation, il serait temps de tourner la page et mettre un terme définitif à des pratiques d’un autre siècle.